31 août 2017

Pour une régulation du tourisme (de masse) ?

"PAS LES BIENVENUS": 

quand la "tourismophobie" gagne des destinations européennes


Des romantiques canaux de Venise aux remparts de Dubrovnik, en passant par l'île écossaise de Skye, les touristes sont devenus un cauchemar pour certains riverains malgré la manne financière qu'ils apportent.
Dans le quartier côtier de la Barceloneta, les habitants protestent depuis des années contre les nuisances: ivresse, rapports sexuels en pleine rue... Et dorénavant, l'envolée des loyers en oblige même certains à partir.

"Tourismophobie"

"Plus jamais un été comme celui-ci", "Pas de touristes dans nos immeubles", "Vous n'êtes pas les bienvenus", lisait-on samedi sur des pancartes lors d'une manifestation d'habitants sur la plage habituellement bondée de touristes.
De telles actions, qualifiées par la presse de "tourismophobie", détonnent en Espagne, troisième destination touristique mondiale, d'autant plus prisée que les vacanciers évitent l'instabilité en Tunisie, en Égypte ou en Turquie.
Une organisation d'extrême gauche a même arrêté un bus de touristes à Barcelone au début du mois pour enduire son pare-brise de peinture, et à Palma de Majorque, aux îles Baléares, manifesté sur le port avec des fumigènes, déployant une banderolle: "Le tourisme tue Majorque".
Cet archipel très prisé vient de limiter à 623 000 le nombre de logements touristiques et entend encore réduire peu à peu ce chiffre dans les prochaines années à 500 000.
"La base de l'économie, la base du travail et de tout, c'est le tourisme, a reconnu Arturo Monferrer, habitant de Palma de 67 ans. Mais il faut avoir un tourisme ordonné".



22 août 2017

Notre apathie face aux changements climatiques - Une légende du peuple Runa

Pourquoi nous ne faisons rien face au réchauffement climatique



Une opinion de Max Lower, biologiste et historien de la philosophie






Notre prostration face au changement climatique peut s’interpréter à partir d’une légende amazonienne relatée par le sociologue Eduardo Kohn. Petit indice : cette légende ne se termine pas bien du tout.


Quelle étrange apathie s’est emparée de nous tous, tandis que nous sommes occupés à décrire notre fin. Sujet encore lointain, hypothétique et controversé il y a seulement un ou deux ans, le réchauffement climatique et la dégradation de la biosphère sont devenus une réalité qui se déroule sous nos yeux, déversant son fluide entropique sous forme de vagues de chaleur, de flux migratoires et de fonte des glaces.
Mais rien ne semble pouvoir arrêter ce spectacle fascinant, pas même les grandes messes internationales où des responsables s’engagent solennellement, et qui ne font qu’entrecouper notre quête effrénée de croissance, d’emploi, de pouvoir d’achat, de profit. Entre incrédulité et défaitisme, c’est partout la même incapacité à prendre en compte cette planète complexe et vivante, qui nous a pourtant faits tels que nous sommes et nous maintient dans la vie. Jusqu’à présent.
Perte de l’âme
Une légende du peuple runa d’Amazonie évoque de façon frappante la situation où nous nous trouvons. Le récit de cette légende apparaît dans un livre intitulé "Comment pensent les forêts"(1), de l’anthropologue Eduardo Kohn. Comme tant d’autres peuples qui ont résisté à la dissolution dans la modernité, les Runa vivent dans la crainte de se faire dérober ou "dévorer" leur âme, c’est-à-dire de perdre cette sorte d’agilité propre aux vivants, qui les rend attentifs aux autres êtres peuplant leur environnement. L’amoindrissement ou la perte de l’âme, c’est donc le risque de devenir indifférent à cette toile relationnelle sur laquelle émerge la vie comme la pensée. C’est pourquoi Eduardo Kohn ancre son anthropologie dans une "écologie des sois".